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Chanson des Nuits Jadis - SAUVÉS PAR LE KONG

Chanson des Nuits Jadis

« Qu’il vienne, qu’il vienne,
Le temps dont on s’éprenne »
Arthur Rimbaud, Chanson de la plus haute Tour
Dieu beau las comme un blues
Qu’on ne bamboche pas,
Familles d’aérosols, non nés, hors Lui
Comme sur des gammes, des Projetées,
D’Instants fugaces, solfèges ratés
De notes choisies et d’amalgames
En Si, en Ré.
C’est une chanson au refrain
Qu’il est doux de chanter.
Pantin, Décembre, Abbesses La Cloche,
Pont d’en mitrailles et quais de caboches,
Que l’on buvait, que l’on droguait encore et moches,
D’épithètes cons, de fées d’cloches bêtes, d’histrions vagues,
Nous fûmes en reste,
De parataxe en conj’ de coord’,
Nous balbutiions nos zestes.
C’est une chanson au fin refrain
Qu’il est doux d’oublier.
Jadis,
D’obélisques molles en quai de Joffrin,
D’abbayes sales en vrais vauriens,
Nous allions milles nues têtes, vaurienne,
Tout dévorer de nuits d’encore et d’entrains
Traine savanes dans des gazons Montmartre,
Faunes en Pavane, chantions bordels,
Lapins agiles et Lucernaires
Pour des lendemains tue-tête.
C’est une chanson au doux refrain
Qui joue les oubliées.
Chaperonnée porte cochère, tu te lovais en vain,
Je te quittais envers et contre nous, te retrouvais,
Main dans la main, d’un autre, à des terrasses où j’ai aimé vomir.
Nous qui rêvions de faire rimer l’indécence à la déliquescence,
Des mots plein de syllabes dont nos baisers scellaient silence.
Parce que c’était toi, parce que c’était moi,
Tout engorgelés là
D’ivresses et d’impuissances.
C’est une chanson à nous,
Mais tu l’as oubliée.
Je t’ai revu bien des années plus tard, photo gavroche, bouche en cul-de-poule, lèvres minaudes, cul-de-sac Sheung Wan, fines bordures-haute brillance, tes yeux me mentaient sur le plastoc de couv’, belle en club, tu ne croyais plus ni à l’alcooline trafiquée, déesse des nuits de mars qui nous rendaient bons, qui nous enorguellaient jusqu’au matin vitré, ni à la poésie surannée.
J’ai tant aimé être jeune avec toi, ma nostalgie me berce, vitreuse, je t’achète et te jette du coin de l’œil.
C’est notre chanson de la plus haute Tour,
Au refrain rance et gai,
Dont le dévolu las,
S’est
Jeté.

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