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Stanley Kong - SAUVÉS PAR LE KONG

Stanley Kong

Il existe une faille spatio-temporelle à Stanley.

Un estaminet fantastique, troublant de désuétude.

Dans une coursive à deux pas de la promenade, il faut le trouver dans un chemin de traverse qui se commue en saut dans le temps.

Un bar qui m’a presque réconcilié avec les années 80, dédié à la pop culture de cette décennie que je pense (et pense encore) perdue à tout jamais pour le bon goût.

C’était les années de mon enfance et elles étaient bien pourries. C’est personnel. N’empêche, n’importe quelle soirée “gloubiboulguesque” ou “top 80” me le confirme avec force haut-le-cœur. Quand je regarde les reportages consacrés, j’ai l’impression que les hipsters d’alors étaient persuadés d’être dans le futur. Mais ils avaient juste découvert le synthétiseur et le fluo, et ont clairement servi de cobayes capillaires à des coiffeurs sous coke.

Mes souvenirs à moi oscillent entre les longs dimanches de patinage artistique sur Fr3, les longs tours de France des étés en huis clos, les sorties champignons en forêt grise où l’on ne ramasse que de la pluie. La porte du collège, les yeux vides, les pogs sur le parpet… Tout ça puait le manque d’ambition. On rêvait d’une vie comme d’un clip MTV et on se contentait d’une VDM.

Heureusement Cobain & co ont laminé la dance music avec les riffs de Nevermind. Même si le marketing starisé le suicidera par la suite, le grunge dépouillé a été une rage salvatrice. Celle d’une bande d’ados sevrés à la daube pour qui la musique valait mieux que les blagues pastel de Charlielulu tous les samedis matins d’angoisse.

Charlielulu, oui en un seul mot, c’est le même monstre dans mon souvenir.

17966122_1350685508333781_1225903556703863352_oAu Sud de Hong-Kong, introuvable sur une carte, cet estaminet me ramène à tous ces souvenirs alors que je ne lui ai rien demandé. Et bizarrement j’en éprouve une tendre nostalgie. Je vieillis, quoi.

Il y a des effigies du dieu Coca-Cola partout, en canettes, en peinture, en goodies élimés, des pochettes de vinyles de Thriller et de Ghostbusters, une statuette de Michael Jordan, des Nike air et une vieille téloche Sony qui passe des clips chinois surannés et sirupeux entrecoupés de pubs improbables. Il y a parfois même un petit épisode de Mario sautillant sur des briques à base de “bowing-bowing”.

Sur la vieille lucarne apparaît souvent aussi une annonce Pathé qui fait la promotion du HK d’alors :
“The sound of energy in the city of progress, Hong-Kong is Asia tomorrow…”
La voix off anglaise, le 747 qui se pose en ville, les paysages de Repulse Bay tellement sépia qu’ils en deviendraient presque cools sur Instagram…

Il y a un bar fantastique à Stanley,
une faille spatio-temporelle et la route est bien trop courte pour atteindre les 88 miles à l’heure.

 

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