“On n’habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c’est cela et rien d’autre” disait le philosophe et poète Cioran. Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de Matthieu, Patrick et Stéphane, trois Français qui ont su faire de cette terre d’accueil leur patrie par le biais de la langue française et par le truchement de l’art et de la culture.
Pouvez-vous décrire votre parcours ?
Matthieu : je suis professeur de français et de philosophie, passionné de poésie et féru de littérature. Je prodigue des cours particuliers depuis 2015 via “Sauvés pour le Bac” et “Sauvés pour la Philo”, date à laquelle j’ai créé le fanzine et plate-forme culturelle “Sauvés par le Kong” : un exutoire poétique qui aime la photo, le théâtre, le rock’n’roll, le street art et le second degré. J’organise chaque année un concours d’invention littéraire “Sauvés par la Poésie”, des quizz musicaux au Peel Fresco ainsi que les “Alchimie du Verbe”, veillées poétiques où se déguste du bon vin avec mon amie œnologue Marjolaine Roblette-Geres.
Une culture liée à l’identité
Hong Kong est-elle une source d’inspiration ?
Matthieu : le site du Kong est estampillé d’une petite épigraphe pleine de morgue: “tu verras, Hong Kong niveau culture c’est zéro!” car c’est ce qu’on m’a dit quand je suis arrivé ici. Je ne suis évidemment pas d’accord avec cette phrase. Elle résulte peut-être d’un manque de curiosité ou d’ouverture d’esprit. Je n’ai pas délogé cette assertion pour bien l’avoir sous les yeux et ne cesser de la contredire depuis 2015! Cette ville est une source quotidienne d’inspiration, d’énergie, de poésie. Il y a des vertiges à Hong-Kong, à chacun de les capter! Chaque coin de la ville a une saveur particulière pour moi.
Comment se porte la culture française à Hong Kong ?
Matthieu : Pour tout ce qui est lié à l’événementiel ou au rassemblement, la période est chagrine… le French May est un bel exemple de détermination, d’aplomb en cette période de COVID. Xavier Mahé et toute son équipe ont su relever le défi pour ne pas dire la gageure de proposer une offre culturelle très riche au printemps dernier alors que tout fermait, annulait, mettait à distance…
Retrouver à Hong Kong un passé commun
Comment vos initiatives artistiques ont été reçues à Hong Kong ?
Matthieu : j’ai de la chance, pour le concours de poésie j’ai toujours été soutenu par la librairie Parenthèses, grâce à Madeline et Emmanuelle mais aussi par l’Alliance Française, et l’UFE. Chaque année le but est de faire phosphorer les imaginations et de célébrer la trouvaille poétique, la rime, la musique, de défendre à notre manière la langue française dans un environnement où prédomine l’english. Quant aux quizz et aux Alchimies du Verbe ils affichent complets à chaque édition, c’est une joie à organiser et gratifiant d’avoir les retours des personnes qui ont participé.
Français : cinquième langue parlée dans le monde
Quelle est la place de la langue française à Hong Kong ?
Matthieu : Tous les jours à travers mes cours, je serine à mes jeunes fronts studieux à quel point la maîtrise de la langue les rendra libres, heureux et responsables. Rien que ça! Ils sont pour la plupart bilingues voire polyglottes donc l’apprentissage du français à travers les classiques de la littérature, l’Histoire ou les figures de style leur ouvre des horizons inédits. C’est une gymnastique mentale exigeante mais riche qui étanche leur curiosité, leur soif d’apprendre et les amène aussi à établir des passerelles avec d’autres cultures.
Rencontres culturelles francophones à Hong Kong
Quels sont vos projets artistiques ?
Matthieu : Il y a un beau projet éditorial qui couve pour 2021: “Cathédrales de Bambous-géopoétique d’une ville invisible”. C’est le fruit d’une rencontre avec Cyrille Bellier qui est passionné de photographie. On partage la même fascination pour Hong-Kong. Cette pulsation incommensurable qui sourd de ce confetti de Chine, Cyrille a su la capter et j’ai voulu la retranscrire dans une itinérance poétique. Ce sera, nous l’espérons, un beau livre dont tous les bénéfices seront reversés à des œuvres caritatives.
Quelles rencontres culturelles conseilleriez-vous aux lecteurs ?
Matthieu : Dès que nous pourrons l’organiser avec Marjolaine, la prochaine “Alchimie Du Verbe” devrait ravir les amateurs de champagne ! Pétulance et panache au programme des saveurs et de la littérature.