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« Alchimie du Verbe » : Rêve et Nuit onirique en littérature - SAUVÉS PAR LE KONG
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« Alchimie du Verbe » : Rêve et Nuit onirique en littérature

« Alchimie du Verbe »

“Du vin aux vers, du rêve au vin” :

Dégustation de vins de Bourgogne et lectures autour du Rêve et de la Nuit onirique en littérature.

Jeudi 14 novembre

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« Gothique Donjon

Et Flèche gothique.

Dans un ciel d’optique,

Là-bas, c’est Dijon.

Ses joyeuses treilles

N’ont point leurs pareilles;

Ses clochers jadis

Se comptaient par dix.

Là, plus d’une pinte

Rat sculptée ou peinte;

Là, plus d’un portail

S’ouvre en éventail.

Dijon, moult te tarde!

Et mon luth camard

Chante ta moutarde

Et ton Jacquemart!

   Aloysius Bertrand – Gaspard de la nuit – 1842

 « Un rêve »

“Un rêve”, également appelé “Il était nuit… “, est extrait du livre III : “La nuit et ses prestiges”. “Un rêve” est un poème très construit. Il se présente comme le compte-rendu d’un rêve relaté dans une atmosphère à la fois mystique et tragique.

                J’ai rêvé tant et plus, mais je n’y entends note.

                Pantagruel, livre III.

     Il était nuit. Ce furent d’abord, – ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, – une abbaye aux murailles lézardées par la lune, – une forêt percée de sentiers tortueux, – et le Morimont(*) grouillant de capes et de chapeaux.

     Ce furent ensuite, – ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, – le glas funèbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule, – des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d’une ramée, – et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice.

     Ce furent enfin, – ainsi s’acheva le rêve, ainsi je raconte, – un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, – une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d’un chêne, – et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.

     Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d’innocence, entre quatre cierges de cire.

     Mais moi, la barre du bourreau s’était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s’étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s’était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, – et je poursuivais d’autres songes vers le réveil.

(*) C’est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions.

   Aloysius Bertrand – Gaspard de la nuit – Livre III – 1842

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Ondine 

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je croyais entendre

Une vague harmonie enchanter mon sommeil,

Et près de moi s’épandre un murmure pareil

Aux chants entrecoupés d’une voix triste

et tendre.

  1. BRUGNOT.—Les deux Génies.

—«Écoute!—Écoute!—C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

«Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.

«Écoute!—Écoute!—Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes soeurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne.»

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.

« Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus. »

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« Mon rêve familier »

Verlaine (Poèmes saturniens 1866)

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Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur transparent

Pour elle seule, hélas ! Cesse d’être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.

Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

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« Fantaisie »

Gérard de Nerval (les Odelettes, 1831)

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Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit :

C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que, dans une autre existence peut-être,

J’ai déjà vue… – et dont je me souviens !

« Rêverie »

Victor HUGO (Les Orientales, 1828)

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Oh ! laissez-moi ! c’est l’heure où l’horizon qui fume

Cache un front inégal sous un cercle de brume,

L’heure où l’astre géant rougit et disparaît.

Le grand bois jaunissant dore seul la colline.

On dirait qu’en ces jours où l’automne décline,

Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,

Là-bas, – tandis que seul je rêve à la fenêtre

Et que l’ombre s’amasse au fond du corridor, –

Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,

Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,

Déchire ce brouillard avec ses flèches d’or !

Qu’elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,

Mes chansons, comme un ciel d’automne rembrunies,

Et jeter dans mes yeux son magique reflet,

Et longtemps, s’éteignant en rumeurs étouffées,

Avec les mille tours de ses palais de fées,

Brumeuse, denteler l’horizon violet

Orientales

 « La fête à Neuilly »,

Jacques Prévert, (Histoires, 1946)

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Une horloge sonne douze coups

Qui sont ceux de minuit

Adorable soleil des enfants endormis

Dans une ménagerie

A la fête de Neuilly

Un ménage de dompteurs se déchire

Et dans leurs cages

Les lions rugissent allongés et ravis

Et font entre eux un peu de place

Pour que leurs lionceaux aussi

Puissent jouir du spectacle

Et dans les éclairs de l’orage

Des scènes de ménage des maîtres de la ménagerie

Un pélican indifférent

Se promène doucement

En laissant derrière lui dans la sciure mouillée

La trace monotone de ses pattes palmées

Et par la déchirure de la toile de tente déchirée

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Un grand singe triste et seul

Aperçoit dans le ciel

La lune seule comme lui

La lune éblouie par la terre

Baignant de ses eaux claires les maisons de Neuilly

Baignant de ses eaux claires

Toutes les pierres de lune des maisons de Paris

Une horloge sonne six coups

Elle ajoute un petit air

Et c’est six heures et demie

Les enfants se réveillent

Et la fête est finie

Les forains sont partis

La lune les a suivis.

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La nuit je mens

La nuit je mens est une chanson d’Alain Bashung parue en 1998 sur l’album Fantaisie militaire.

Paroliers : Alain Bashung / Edith Fambuena / Jean Marie Fauque / Jean-Louis Pierot

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On m’a vu dans le Vercors
Sauter à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
J’ai fait la cour à des murènes
J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort
T’étais pas née

À la station balnéaire
Tu t’es pas fait prier
J’étais gant de crin, geyser
Pour un peu je trempais
Histoire d’eau

La nuit je mens
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains

J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho

J’ai fait la saison
Dans cette boîte crânienne
Tes pensées
Je les faisais miennes
T’accaparer seulement t’accaparer

D’estrade en estrade
J’ai fait danser tant de malentendus
Des kilomètres de vie en rose

Un jour au cirque
Un autre à chercher à te plaire
Dresseur de loulous
Dynamiteur d’aqueducs

 


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