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Your I.D KARD please (extrait n*2) - SAUVÉS PAR LE KONG
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Your I.D KARD please (extrait n*2)

Your I.D KARD please (extrait n*2)

Your I.D KARD please.

Handover – Identité – Hangover 

 (extrait de l’edito KONG #6)

Stanley – fin avril 2017.

Depuis six mois maintenant il s’est mis en coloc avec des moustiques. Des femelles. Celles, seules, qui piquent et sucent. Un vrai harem de trompes à qui il reste fidèle chaque nuit. Son corps n’a absolument plus aucun secret pour elles et de tous les êtres vivants, parasites ou indésirables mondains, ce sont  elles qui lui coûtent le moins cher. Son corps est devenu une source intarissable de leur nectar, leur ambroisie et son sang permettra le développement de leurs œufs. Lorsqu’elles le sucent trop cependant, il se résigne à les exterminer. Dans des mouvements de Sardanapale éconduit, piégé ; désespérés, presqu’infantiles, il étrille et tape sur tout ce qui bouge, verres miroirs et rouge colère, jusqu’à s’entaillader les mains. Après ça il se gratte. Longtemps. Et non sans plaisir. Quand il réussit à en éclater une, vierge de tout soupçon – comprendre à sec – il place sa langue au fond du palais et tel un aristo décadent, siffle : “encore une que les Anglais n’auront pas!”. Il devient fou. Quand il parvient à en trucider une pleine de sang et que l’éclaboussure rappelle un Pollock, il ne se dit rien mais sourit d’abondance d’une cruauté à jamais pardonnée. Envers les moustiques, le sentiment de cruauté n’existe pas. Les fracasser est un ordre céleste, un devoir qu’on doit à la Nature. 

 

Chaque nuit et sans qu’il sache pourquoi – mais se disant que les moustiques sont sûrement responsables de ça aussi – George développe de la sérotonine par quintaux. Il ne dort donc plus et effeuille sans ordre tout ce qui lui passe par la tête : l’envie d’un smoothie mangue vital; le smoothie pas l’envie, qu’il faut posséder ce filtre de mensonge et de création pour que chaque jour soit une obole solaire, que Dieu est Philippin, que l’ananas n’a pas sa place sur une pizza, qu’un arachnophobe devrait avoir peur d’aller voir Spiderman au cinéma, qu’il doit appeler sa mère chaque fois qu’il relit l’incipit de l’Etranger (absurde piété filiale censée absoudre ses scrupules), à Enrico ce pianiste pizzaïolo de 65 ans qui faisait ses gammes dans une base américaine qui sentait plus le napalm que le Schubert, à Murray House durant l’invasion des Japs, au 20 ans du handover puis… 

 

Son flux de conscience s’apaise.


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